Mes envies ciné de la semaine (29 septembre-5 octobre 2021)

     Des envies en demi-teinte cette semaine : d’un côté Christophe Honoré et Joachim Lafosse qui nous offrent ce qui s’annonce comme de vraies pépites, de l’autre Samuel Benchetrit et Sean Penn dont les films affichent des qualités certaines, mais peut-être contrebalancées par une certaine lourdeur…
     En tout cas, malgré la qualité des acteurs, de l’écriture et le propos émancipateur sur les femmes, pas d’enthousiasme de ma part pour Eugénie Grandet de Marc Dugain, qui se traîne un je-ne-sais-quoi de surfait, surtout face à la sortie prochaine de l’adaptation des Illusions Perdues, inspirées par le même Balzac, mais de façon beaucoup plus enivrante, à Xavier Giannoli…
     Pas grand enthousiasme non plus pour After Love
     Voici donc ce qu’il reste, dans un ordre complètement aléatoire :

1. Flag Day, de Sean Penn.
Le nouveau film de Sean Penn, à l’affiche dessinée façon « années 70 », aiguillonne, malgré un excès en ce qui concerne le travail de maquillage peut-être, trop marqué pour que l’illusion de réalité soit effective et qu’on puisse s’immerger dans l’histoire en oubliant le travail derrière. Cependant, on retrouve le joli grain qu’il y avait parfois dans Into The Wild et l’histoire, classique, de cette famille dysfonctionnelle, est portée par des acteurs et une écriture solides. On adopte principalement le regard de la petite fille qui idéalisait son père toxique et impliqué dans divers trafics, qui, devenue adulte (et jouée par la fille de Sean Penn elle-même) devra mettre au jour les mensonges familiaux pour parvenir à se construire aussi indépendamment que possible.
Sortie le 29 septembre et diffusion dans les cinémas Lumière Terreaux, Comoedia et UGC Confluence, Astoria et Part-Dieu.

2. Guermantes, de Christophe Honoré.
Que de bonnes raisons de se ruer en salles pour aller voir Guermantes, le nouveau film de Christophe Honoré ! Enfin un film, avant tout, qui puise dans les années de pandémie dont nous sortons pour en faire le matériau de son histoire : ce n’est pas trop tôt ! Il semblerait d’ailleurs que ce ne soit pas totalement de la fiction, mais que la troupe de la Comédie-Française, stoppée net dans son élan par la flambée de l’épidémie, ait traversé le même cheminement et les mêmes interrogations, avant que Christophe Honoré n’ait l’idée d’en faire un film sur ce qui soude cette communauté et en fait une troupe à part. Autre excellente raison de foncer voir Guermantes : la possibilité de pénétrer les arcanes de la Comédie-Française, si prestigieuse, si lointaine parfois, et de suivre les aventures de ses comédiens à la sauce rock’n’roll ! Évidemment la qualité du casting n’est pas à discuter… L’inspiration proustienne n’a rien pour déplaire non plus…! Et bien sûr le dernier argument est Christophe Honoré lui-même : le plaisir de le voir apparaître et jouer dans son propre film, ce qui n’est pas si fréquent, mais surtout la joie, la mélancolie et la poésie auxquelles on peut s’attendre de sa part avec cette nouvelle création. Les dernières — Les Malheurs de Sophie, le sublime Chambre 212, ou bien Plaire, aimer et courir vite, ou encore les mythologiques Métamorphoses, inspirées d’Ovide — nous avaient en tout cas emportées très loin et il n’y a pas une fois où la magie n’ait pas opéré !
Sortie le 29 septembre et diffusion dans les cinémas Comoedia et Lumière Terreaux.

3. Les Intranquilles, de Joachim Lafosse.
Le genre de films dont on sort à fleur de peau, avec une dose d’émotions valable plusieurs semaines, et dont on a sans doute du mal à se remettre rapidement… Joachim Lafosse, qui a déjà réalisé plusieurs beaux films sur la thématique des foyers dysfonctionnels, dont L’Economie du couple, puise apparemment ici dans son expérience personnelle et son enfance. Il raconte l’histoire de cette famille constamment sur le qui-vive et épuisée par la bipolarité du père, entre phases dépressives et phases maniaques, toutes périodes pendant lesquelles la mère doit être aux aguets en permanence. Tout devient suspect, et malgré l’amour, la confiance n’existe plus. Pour l’enfant surtout, impossible de se sentir en sécurité et d’espérer un développement serein, mais aussi de ne pas vivre avec une forme de honte, car il ne sait jamais quelle sera la prochaine frasque de son père… Cela étant, à travers les moments dans la voiture ou les scènes de peinture, on entrevoit aussi que cette maladie est peut-être le prix à payer pour une sensibilité hors-normes, une créativité foisonnante. Un regard puissant porté sur les existences affectées par la maladie mentale…
Sortie le 29 septembre et diffusion dans les cinémas Comoedia, Lumière Bellecour et UGC Part-Dieu.

4. Cette musique ne joue pour personne, de Samuel Benchetrit.
L’époux de Vanessa Paradis signe une comédie loufoque, portée par ses chantres les plus emblématiques : Bouli Lanners, Gustave Kervern, François Damiens, Ramzy Bedia, JoeyStarr… Dans la lumière du Nord et ses lieux désaffectés (qui peuvent faire un peu penser au cinéma de Kaurismaki), une bande de bras cassés poursuit on ne sait trop quoi et croise la route d’une troupe de théâtre, de petits (ou grands) malfrats et de marginaux. On ne sait pas trop ce que ça va rendre, et ça a tout de même l’air bien foutraque, mais on a envie de se laisser porter par l’absurde nordique et l’énergie de ce casting de qualité… A voir sans attentes particulières peut-être ?
Sortie le 29 septembre et diffusion dans les cinémas UGC Cité Internationale, Confluence et Part-Dieu.

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