Zadig et les Mille et Une Nuits : l’Orient au XVIIIème siècle.

Avis à ceux qui auraient prévu de faire un séjour à Paris pendant les vacances de printemps : c’est l’occasion de faire un petit détour par l’Institut du Monde Arabe, — un fabuleux musée dont les expositions sont toujours très bien orchestrées et illustrées, et dans lesquelles on se fait généralement un plaisir, au minimum de déambuler, au mieux de s’attarder bien plus longuement — qui héberge en ce moment même, et ce jusqu’au 28 avril, une exposition sur les contes des Mille et Une Nuits, qui est sûrement l’oeuvre littéraire de langue arabe la plus connue au monde, par toutes les générations quelle que soit leur origine sociale, ethnique ou géographique.

Car comme nous le verrons, ou comme l’ont sûrement remarqué ceux qui ont déjà commencé la lecture que l’on étudiera en cours, Voltaire s’est inspiré, pour écrire Zadig, de certains aspects des contes des Mille et Une Nuits, et l’Orient, le monde arabe et l’exotisme de manière générale suscitent un intérêt nouveau pour les auteurs français du siècle des Lumières : Zadig de Voltaire atteste bien sûr de cet intérêt, mais c’est aussi le cas des Lettres persanes de Montesquieu, qui donnent la parole à Uzbek, un Persan en voyage en France. Le Supplément au voyage de Bougainville de Diderot manifeste également un attrait pour une autre forme d’altérité, loin du monde arabe cette fois-ci, mais toujours exotique, ainsi que Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre dans une moindre mesure. Ce n’est d’ailleurs pas anodin si les récits de voyage prolifèrent au XVIIIème siècle (Robinson Crusoe, de l’anglais Daniel Defoe, en est un autre exemple).

Dès lors, si les personnages auxquels ces auteurs des Lumières donnent vie dans leurs récits sont issus de pays exotiques, il est logique que la culture de ces personnages soit celle de leur nation d’origine. Ainsi, il est logique que l’arrière-plan culturel du héros éponyme de Zadig soit celui qui a (fictivement) bercé son enfance et son adolescence, qui a forgé son cadre de vie, en quelque sorte. Bien sûr, nous verrons que l’installation du récit en Orient sert en fait à représenter la France que l’on va critiquer tout en échappant à la censure sous couvert de fiction. Mais il ne faut pas minimiser le choix de Babylone comme cadre spatial, ni toute la culture orientale qui en découle.

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Ainsi, pour bien comprendre Zadig, faut-il se pencher un peu précisément sur ce fond culturel présent à l’esprit de Voltaire. Nous en parlerons évidemment en cours, mais cette exposition peut permettre à ceux qui le souhaitent d’approfondir cette partie de leur culture, que nous serons contraints d’aborder, pour notre part, assez rapidement. Pourquoi ne pas parcourir l’article du très sérieux et intéressant magazine « Connaissance des Arts » qui relate rapidement l’histoire de cette grande oeuvre orientale, voire, si vous vous découvrez une passion pour l’Orient arabe, acheter le hors-série qui lui est dédié ?

En attendant, et pour tous, même ceux qui n’auront pas l’occasion de visiter cette exposition….. par ici la lecture ! Un conte en rentrant du lycée, un avant d’éteindre l’ordinateur, un au réveil, les contes des Mille et une nuits ont cet avantage de pouvoir se lire de manière « anarchique », au gré de vos envies du moment, voire partiellement, alors profitez-en…

Ici, pour ceux que cela intéresserait particulièrement, la publication d’une universitaire algérienne sur le mythe de l’Orient dans la culture de l’époque.

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